Les contrats BECHET sécurisent le revenu

FILIÈRE : Depuis trois ans, l’entreprise Béchet basée dans le sud-Manche, a mis en place une filière "jeune bovin Charolais".
Plus de 4 600 broutards ont été intégrés dans les exploitations, et 3 000 abattus depuis 2016.

Une filière jugée « solide ». Rencontre avec des éleveurs, Thierry, Monique et Romain Ruel, installé dans l’Orne, à Giel Courteilles, engagés depuis le début.

Thierry, Monique et Romain Ruel ont l’âme d’éleveur. Ils le disent et le formalisent dans la production de jeunes bovins. Leur race : la Charolaise. « Plus on en fait, plus on s’est passionné », confient-ils. L’origine remonte à 1987, date à laquelle Thierry s’est installé sur la ferme familiale.« J’ai commencé avec 110 places », se rappelle-t-il. Et au fil des années, il a évolué, notamment en 1995 à l’installation de Monique, son épouse, puis en 2010 quand un nouveau bâtiment a été refait permettant de passer à 300 places. La dernière évolution
remonte à l’automne dernier avec l’arrivée de leur fils, Romain. Les travaux d’un autre bâtiment ont débuté en octobre pour accueillir les broutards le 7 février de cette année. Au total, l’EARL Ruel compte 420 places, permettant ainsi de sortir autour de 540 jeunes bovins par an.

Être bon techniquement

« J’ai toujours été producteur de jeunes bovins », note Thierry. Certes, il a traversé les crises et les périodes plus fastes. « On s’est toujours accroché », assure-t-il. Et c’est chez BVN (Bétail et viande de Normandie) qu’il a débuté, désormais fusionné avec les établissements Béchet. « Dès que les premiers contrats nous ont été proposés, nous avons suivi. Cela nous a semblé une opportunité pour faire face aux différentes crises », indique l’éleveur confirmé. Même pour les céréales, l’EARL Ruel a opté pour des contrats de 18 mois. Sans aucun doute, les trois associés reconnaissent « sécuriser notre revenu » par le biais du contrat. Certes, le prix d’achat du broutard peut varier. Mais ensuite, c’est à nous d’être performant techniquement pour pouvoir maitriser notre marge. Et c’est ce qu’attendent les établissements Béchet de nous de manière à programmer les sorties des animaux », soulignent les éleveurs. Des animaux qui restent à Giel-Courteilles autour de 8 mois en moyenne.

Boosté par la pesée

Ces performances techniques ne sont pas le fruit du hasard. Ils y travaillent tous ensemble. Et pour avoir des animaux qui correspondent au marché, c’est-à-dire à un poids de l’ordre de 420 à 480 kg, la famille Ruel procède à des pesées régulières. « On pèse tous les deux mois. Grâce à un logiciel, nous pouvons suivre les croissances. Et nous pouvons si nécessaire apporter des modifications », souligne Thierry, notamment dans la ration. Cette pesée est nécessaire. « L’œil ne suffit pas, même celui du meilleur technicien », ajoute l’éleveur. Pour
Monique, la pesée est même « boostant. Elle nous fait prendre conscience de l’intérêt de notre système, celui d’une seule race, la Charolaise. On attend entre les deux pesées le GMQ. C’est très moteur », admet-elle.

Une race adaptée au système

Aujourd’hui la race Charolaise correspond à notre système, un système simplifié, avec une seule ration par jour, une seule désileuse. Hormis la pulpe et le correcteur, le reste est issu de la production de l’exploitation étendue sur 300 ha (53 ha de prairies, 60 ha de maïs fourrages, 20 ha de maïs épis, 20 ha de blé…). Cette production de jeunes bovins s’inscrit dans le projet de méthanisation. L’unité sera en fonction le 19 octobre prochain. Quoi qu’il en soit, les éleveurs ornais veulent avant tout « être bons » pour pouvoir maitriser leur marge et se dégager un revenu. C’est le leitmotiv de l’EARL Ruel. Sandrine BoSSière Charolais : un contrat pour sécuriser le revenu FILIÈRE lll l Depuis trois ans, l’entreprise Béchet basée dans le sud-Manche, a mis en place une filière « jeune bovin Charolais ». Plus de 4 600 broutards ont été intégrés dans les exploitations, et 3 000 abattus depuis 2016. Une filière jugée « solide ». Rencontre avec des éleveurs, Thierry, Monique et Romain Ruel, installé dans l’Orne, à Giel Courteilles, engagés depuis le début. Les trois associés de l’EARL Ruel, Thierry, Monique et Romain, avec Pierre Milon, technicien bovin viande aux établissements Béchet.

Construire une filière solide et pérenne

AN 2019 2

Une rencontre des producteurs a été organisée fin juin à Saint-Georges-deRouelley avant d’aller visiter le centre d’allotement. Pour Pierre Milon, « c’est dans l’échange et le partage d’expérience, que les producteurs trouvent aussi des clés de réussite pour leur exploitation. »

Depuis plusieurs années, les établissements Béchet, installé à Saint-Georges de Rouelley, aux portes de l’Orne, l’Ille-et-Vilaine, et quelques encablures du Calvados, réfléchissait à construire une filière structurée pour les jeunes bovins. Pour les producteurs, le capital à mobiliser pour se lnacer dans cette filière pouvait constituer un frein tout comme le prix qui évoluait trop en dent de scie. Alors, en 2016, l’entreprise de négoce a franchi le pas. « Nous étions persuadés qu’avec des prix grantis et un accompagnement technique solide pour maitriser les rations économiques et performantes, nous serions capables d’assurer aux producteurs de jeunes bovins des revenus lissés dans le temps et en phase avec l’investissement humain et matériel », note Pierre Milon, technicien bovin viande des établissements Béchet.

Au bout de trois ans, un premier bilan a été dressé de ce « groupe JB charolais Béchet », mettant en avant à la fois la dimension économique et les performances techniques. Entre 2016 et 2018, plus de 4 600 animaux ont été contractualisés, avec une progression chaque année. Plus de 3 000 ont été abattus. « En 2016 et début 2017, nous nous sommes appuyés sur certains de nos clients qui étaient des producteurs de taurillons depuis un certain temps. Ensuite, de nouveaux producteurs nous ont rejoint », explique Pierre Milon.

Le temps de présence, le GMQ, la ration sont autant de points qui ont été abordés lors d’une rencontre avec les producteurs. Pour 50 % des producteurs, le temps de présence est compris entre 279 et 310 j. Quant au GMQ, la médiane est de 1,42 kg. Les établissements Béchet ont mis l’accent sur le suivi de performance. « Il permet de déceler en temps réel les soucis en cours d’engraissement et de pouvoir réagir vite. Certes, il y a un investissement humain et une réorganisation de la contention à réaliser mais les retombées économiques sont immédiates.

Concernant le prix, depuis le début de la mise en place des contrats, le prix de vente moyen des JB est de 3,98 kg de viande. Le prix des animaux contractualisés est payé en moyenne 12 centimes de mieux que le prix du marché et ce de façon lissée sur toute l’année.

Au final, l’intérêt pour les établissements Béchet est de « construire une filière solide et pérenne ». Si elle existe seulement depuis trois ans, elle prend de plus en plus de place dans les campagnes. Le fait d’avoir un prix lissé sur toute l’année permet de donner de la lisibilité à long terme aux producteurs. Un élément non négligeable en ce moment.

SANDRINE BOSSIERE - Agriculteur Normand